Recherche de l’ENAP sur l’enseignement intensif de l’anglais – Un rapport qui fait complètement fi des considérations pédagogiques
3 juin 2014
C’est avec une grande déception que la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) a sommairement pris connaissance des conclusions du rapport de recherche de l’École nationale d’administration publique (ENAP) portant sur l’enseignement intensif de l’anglais. Outre le fait que ce rapport ne répond pas aux attentes exprimées pour avoir un état de situation factuel de l’enseignement de l’anglais au primaire, on y allègue notamment que celui-ci n’a pas d’impact négatif sur l’apprentissage des autres matières.
Pour la FSE, bien que l’apprentissage de l’anglais langue seconde soit nécessaire dans le contexte d’aujourd’hui, il ne doit pas se faire au détriment de la qualité de la formation dans l’ensemble des autres matières. Aussi, il est désolant de constater que l’ENAP pose son jugement sans disposer des données les plus fondamentales sur la qualité et la durabilité des apprentissages dans les autres matières que l’anglais, puisque le MELS procéderait à une collecte de données longitudinales à cet effet au cours des prochaines années.
« Le rapport nous dit que, sur le plan des perceptions, l’enseignement intensif de l’anglais ne semble pas poser de problèmes. C’est insensé. Il est impossible de réduire de moitié le temps d’enseignement en français et en mathématique sans penser couper dans la qualité des apprentissages. Suivant cette logique farfelue, c’est comme si on laissait entendre qu’au primaire, on consacre actuellement trop de temps pour les autres matières que l’anglais et qu’on pourrait couper dans leur temps d’enseignement sans conséquence sur les apprentissages. Difficile à croire dans un contexte où l’on parle d’une baisse des exigences, d’assouplissement des règles de passage, de même que des importantes difficultés en français et en lecture, sans compter les données effarantes sur l’analphabétisme fonctionnel. Pour nous, c’est clair : ce rapport de gouvernance qui s’appuie sur des perceptions est incomplet et rate son but d’éclairer les décideurs politiques scolaires », déplore Mme Scalabrini.
Rappelons que, depuis plusieurs années, la FSE demande au MELS de dresser un portrait complet de la situation de l’enseignement de l’anglais au primaire, notamment ses véritables effets sur les élèves en difficulté, l’impact sur la qualité des apprentissages dans les autres matières ainsi que l’analyse des différents modèles d’enseignement.