Une dose de réalité
20 février 2014
Voici une lettre de la présidente de la FSE, Mme Josée Scalabrini, qui réagit à une chronique signée par Chantal Longpré publiée le vendredi 14 février 2014 dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec. Cette dernière déplorait le trop grand nombre d’enseignants qui se succèdent parfois devant une classe, mais s’est appuyée sur un scénario à la fois fictif et impossible.
Une dose de réalité
À la lecture de la chronique intitulée Trois fois passera, écrite par Chantal Longpré, nous avons été fort surpris et déçus d’y constater une réelle méconnaissance de la mécanique d’octroi de contrats dans les écoles. Considérant son passé à titre de directrice d’école, nous l’aurions crue mieux renseignée sur le sujet.
Ainsi, dans son scénario fictif se trouvent plusieurs erreurs majeures. Par exemple, lors d’un retrait préventif confirmé d’une enseignante enceinte, un contrat est habituellement octroyé sur-le-champ à un autre enseignant, justement par souci de stabilité. Loin d’être une entrave, la convention collective nationale de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) ainsi que celles des syndicats locaux misent sur la stabilité du personnel enseignant auprès des élèves et sur la recherche de solutions communes.
En aucun temps, nous ne voulons que soit remis en question le droit inaliénable des femmes d’avoir des enfants. Les femmes n’ont pas à être gênées d’être enceintes ou d’avoir à se prévaloir de programmes sociaux dans le but de protéger leur santé ou celle de leur enfant. C’est là un droit chèrement acquis au fil des luttes féministes et syndicales.
Cependant, nous sommes tous égaux devant la maladie et plusieurs enseignants que nous représentons n’en peuvent tout simplement plus. Ils tombent malades ou demandent un allègement de tâche pour arriver à avoir une qualité de vie acceptable au travail et à la maison. Dès lors, il faut alléger la tâche du personnel enseignant, qui croule notamment sous la paperasse, qui fait face à des classes bondées sans tous les services et qui doit composer avec les multiples exigences des autorités.
Pour diminuer le « taux de roulement » des enseignants devant une classe, il faut également réduire l’importante précarité d’emploi, actuellement supérieure à 45 % chez le personnel enseignant. D’ailleurs, cette précarité nuit grandement à la rétention des jeunes dans la profession.
Voilà des éléments de solution qui peuvent assurément améliorer la situation des enseignants et des élèves. Les enseignants sont humains, souvent eux-mêmes des parents, et ils sont très sensibles à ce que vivent les élèves. Écoutons-les au lieu de chercher à distribuer gratuitement les blâmes.
Josée Scalabrini, présidente, Fédération des syndicats de l’enseignement