La rentrée scolaire des enseignantes et enseignants
26 août 2003
Une année chargée et préoccupante
Québec, le 26 août 2003. — Les 80 000 enseignantes et enseignants des écoles et centres de formation publics québécois qui s’apprêtent à recevoir ces jours-ci leurs élèves pour amorcer la nouvelle année scolaire, n’ont pas que la tête pleine de projets pédagogiques, de préparations de cours, ou d’interrogations sur la composition de leurs groupes. L’année scolaire 2003-2004 sera aussi celle qui verra l’amorce réelle des négociations pour le renouvellement des conventions collectives. Leur fédération syndicale, la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ) veut mettre l’accent sur le niveau et la qualité des services offerts aux élèves à risque ou en difficulté, sous le thème « parce que nous avons la réussite à cœur ! ».
L’entente sur la reconnaissance de la durée du travail enseignant, en lien avec le dossier de l’équité salariale, incite aussi quelques gestionnaires locaux à des interprétations qui auraient pour effet d’alourdir la tâche enseignante, ce qui est pourtant exclu par l’entente. Faut-il y voir un signe avant-coureur de l’appétit patronal dans la ronde de négociation qui s’amorce ?
La FSE devrait aussi d’ici quelques mois compléter et rendre publique la deuxième partie, qualitative, celle-là, de son étude sur la prolifération des groupes à plus d’une année d’études. Nous confirmerons probablement que les impératifs pédagogiques sont rarement pris en compte dans la création de ces groupes, qui comptent maintenant pour un dixième des groupes scolaires.
Du côté de la réforme scolaire, la présidente Johanne Fortier souhaite « qu’enseignantes et enseignants puissent bénéficier d’une représentation légitime au comité de pilotage annoncé par le ministre Reid ». Par l’intermédiaire de leur fédération syndicale, ils ont démontré leur intérêt dans la réussite de la réforme. Il apparaît incongru qu’on songe à se priver de leur contribution dans la mise en place d’une réforme dont ils doivent être les premiers artisans.
Outre sa mécanique de consultation et de prise de décision habituelle, la FSE a d’ailleurs constitué dans neuf écoles des groupes témoins d’enseignantes et d’enseignants pour faire le point, régulièrement sur les difficultés pratiques que pose l’implantation de la réforme du curriculum. On veut aussi vérifier que les objectifs avoués de la réforme sont bien atteints et que les conditions d’apprentissage des élèves permettent d’atteindre les résultats escomptés, quitte à requestionner les moyens mis en œuvre s’ils ne le sont pas. Et il ne s’agit pas d’une opération ponctuelle : cette étude est prévue durer quatre ans.
Comme l’ensemble des employés de l’État, les enseignantes et enseignants aspirent au règlement définitif du dossier de l’équité salariale, qui n’en finit plus de… ne pas se conclure.
Finalement la volonté du ministre de mettre sur pied un ordre professionnel dans l’enseignement, à l’encontre de l’avis de l’Office des professions, et de l’opinion des premiers intéressés, ne semble obéir qu’à des considérations partisanes. La profession enseignante est déjà hyper réglementée, et les écarts éventuels sanctionnés plus sévèrement que dans n’importe quelle autre profession.
Outre ces préoccupations sur leurs conditions de travail et les conditions d’apprentissage des élèves, les enseignantes et enseignants sont aussi à l’affût des modifications de la vie des écoles qui risquent d’affecter les parents, et leurs enfants. La volonté gouvernementale de revoir les frais des services de garde, l’abolition éventuelle d’une certaine universalité, remet en question des mesures perçues comme favorisant la réussite scolaire. D’autres atteintes au principe de la gratuité scolaire nous apparaissent inquiétantes. On sait que des écoles, des commissions scolaires veulent faire assumer par les parents des frais de surveillance sur l’heure du midi, par exemple. D’autres souhaitent ne plus avoir à payer pour le transport des élèves, en refilant la note aux parents.
Toutes ces mesures témoignent d’une certaine tendance à considérer l’éducation comme un service comme un autre, qu’on peut « marchandiser », auquel on peut aveuglément appliquer les règles du marché. Les enseignantes et enseignants québécois par leur action syndicale tant dans son volet revendicatif que pédagogique continueront de rappeler que le système éducatif québécois, comme le prévoit la loi, s’il a pour mission d’instruire, doit aussi socialiser et former des citoyens responsables. Il doit permettre à chacun de développer au maximum ses potentialités, quels que soient sa condition et ses moyens.
Pour information : Jean Laporte, attaché de presse de la FSE
(418) 563-7193 (cell.)
(418) 649-8888, poste 3107