Rentrée scolaire et syndicats enseignants
27 août 2002
Priorité aux élèves en difficulté
Montréal, le 27 août 2002 – Pour l’année scolaire qui débute ces jours-ci dans les commissions scolaires du Québec, l’accent sera placé sur la qualité des services offerts aux élèves en difficulté, s’il n’en tient qu’aux syndicats d’enseignantes et d’enseignants.
La présidente Johanne Fortier, de la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ) en veut pour preuve les « recherches terrain » entreprises par la Fédération en collaboration avec ses syndicats locaux, dont les résultats devraient être connus en cours d’année, et qui veulent documenter l’état de la situation dans un certain nombre de milieux.
De même, la priorité que les membres ont indiqué vouloir donner à ce dossier, à l’intérieur de la prochaine ronde de négociation pour le renouvellement de la convention collective, devrait déboucher sur des demandes syndicales qui seront déposées dans quelques mois. Déjà, la Fédération vient de publier une brochure à l’intention de ses membres pour les aider, en ce début d’année, à faire respecter les dispositions des conventions collectives actuelles sur les services qui doivent être offerts aux élèves en difficulté.
« Nous avons déjà réussi à faire garantir et augmenter, par la convention collective, le niveau de l’effectif enseignant requis en fonction du nombre d’élèves à desservir, par le biais des règles de formation de groupe. Nous voulons maintenant trouver des moyens de forcer les employeurs scolaires à se commettre sur un niveau adéquat de services pour les élèves en difficulté », a commenté Mme Fortier.
Malgré les sommes importantes que le ministère de l’Éducation consacre aux services pour les EHDAA (les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage), le niveau des services offerts varie considérablement d’une commission scolaire à l’autre, et même d’un établissement scolaire à l’autre, puisque les directions bénéficient d’une marge de manœuvre qui leur permet d’affecter à d’autres fins une partie des sommes reçues à cet effet. Pour la Fédération des syndicats de l’enseignement, la solution durable devra passer par l’attribution de sommes suffisantes en fonction des besoins identifiés, mais aussi par l’obligation, pour les employeurs scolaires, de consacrer à ces services les sommes reçues. La FSE entend formuler des demandes précises, par exemple sur le niveau d’enseignantes et d’enseignants en orthopédagogie qui seront requis en fonction de la population scolaire.
« Nous ne voulons nous contenter de plans qui tardent à produire le financement promis et qui ont des existences éphémères. Les élèves les plus fragiles que nous voulons privilégier constituent une cible qui permettra d’améliorer toute la réussite scolaire », a ajouté Mme Fortier.
L’équité salariale
Par ailleurs, à la suite de l’entente du printemps dernier sur la reconnaissance de la durée du travail enseignant, en lien direct avec l’équité salariale, il restera à finaliser les textes qui découlent de cette entente, et à les soumettre à l’approbation du Conseil fédéral de la FSE, en septembre. Les enseignantes et enseignants de commissions scolaires pourront par la suite se joindre à l’Intersyndicale qui devra, d’ici la fin de 2002, finaliser les travaux en équité salariale pour l’ensemble des employés des secteurs public et parapublic.
L’implantation de la réforme
En ce début d’année, la FSE tient à réitérer au ministre de l’Éducation qu’il serait dans l’intérêt de tous (parents, élèves et administrateurs scolaires) qu’il annonce un report pur et simple d’un an de l’implantation de la réforme au troisième cycle du primaire (les cinquième et sixième années), pour laisser le temps aux enseignantes et enseignants de s’en approprier les contenus et de recevoir la formation adéquate. Les administrateurs scolaires aussi pourraient mettre à profit une période plus convenable pour assurer à la démarche toute la qualité qu’exigent les changements proposés. Ce n’est pas en tirant sur la fleur qu’elle poussera plus vite.
La FSE est aussi toujours en attente de mesures concrètes en alternative au redoublement que le MEQ souhaite dorénavant rarissime, parce qu’elle estime que la progression d’une année à l’autre ou d’un cycle à l’autre doit témoigner des progrès réels de l’élève dans les programmes. Cette problématique n’est pas sans rapport avec les services aux élèves en difficulté. En plus de manquer de soutien pour assurer les services aux élèves qui manifestent, de plus en plus nombreux, des difficultés de plus en plus grandes, le personnel enseignant doit aussi maintenant composer avec des classes où les élèves démontreront des niveaux de développement très divers.
La FSE avait déjà signalé que la question de l’évaluation des élèves, qui accuse toujours un retard important, risquait d’être la pierre d’achoppement de la réforme. « Les atermoiements ministériels sur ce sujet ne nous incitent pas à réviser notre avis », a conclu Mme Fortier.
Pour information :
Jean Laporte
(418) 649-8888, poste 3107