La réforme scolaire

12 mars 2007

Des directives ministérielles contestées par les commissions scolaires

Québec, le 12 mars 2007. — Les réponses que le ministre Jean-Marc Fournier avait fournies le 20 décembre dernier à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et à sa Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) avaient le mérite, à l’analyse, de constituer un pas dans la bonne direction, dans l’esprit de « réformer la réforme », mais les deux organismes syndicaux avaient raison de craindre pour leur mise en œuvre dans les réseaux. Une contre-directive de la Fédération des commissions scolaires est venue dans les jours suivants contester au ministre son droit de prendre certaines décisions.

Dans une lettre à large diffusion dans le réseau de l’éducation, Pâquerette Gagnon, directrice générale de la Fédération des commissions scolaires du Québec et Susan Tremblay, présidente de l’Association des directeurs généraux de commissions scolaires, affirment, que « rien ne permet d’affirmer que le régime pédagogique permettrait au ministre de faire une telle annonce. Une application textuelle du régime ne permet pas d’autoriser un redoublement à la fin de la première année d’un cycle au primaire ». On sait que la question du redoublement, devenue absolument exceptionnelle avec la réforme, à la fin du primaire, ou seulement à la fin d’un cycle, était au cœur des préoccupations syndicales.

Le 20 décembre, dans ses réponses à la CSQ et à la FSE sur la réforme scolaire, le ministre Fournier avait écrit : « Il est possible de prolonger d’une année la durée du primaire, pour qu’un élève puisse reprendre, en tout ou en partie, ce qu’il n’a pas déjà maîtrisé dans son parcours scolaire, et ce, à la fin d’un cycle, ou en cours de cycle. » Le sous-ministre devait transmettre cette décision aux autres acteurs du réseau dans les jours suivants.

La Fédération des syndicats de l’enseignement avait donc tout à fait raison, dans La Dépêche FSE du 23 février, de craindre que les décisions du ministre, qui « sont un pas dans la bonne direction… seront probablement sujettes, dans certains milieux, à des tentatives visant à en limiter la portée ». Le ministre a beau affirmer que ces questions sont en voie d’être réglées, il reste que la majorité des commissions scolaires rejettent son interprétation sur le redoublement, comme la FSE vient de le vérifier de façon systématique. Selon Johanne Fortier, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, « rien ne justifie la fronde de la Fédération des commissions scolaires qui n’a ni la légitimité ni de raison logique de contester les directives du ministre, surtout sur la question du redoublement, alors que tout le monde ou presque trouvera normal de s’assurer qu’un élève a les acquis nécessaires pour poursuivre son parcours scolaire, à moins de vouloir favoriser à tout prix la fuite en avant ».

Par ailleurs, sur la question des services aux élèves en difficulté, des discussions entamées depuis quelques semaines avec le Cabinet du ministre permettent de croire qu’il sera possible, dans un forum approprié, de discuter non seulement des modalités d’intégration de ces élèves dans les classes ordinaires, mais aussi des limites à cette intégration et de la philosophie qui la sous-tend. La FSE rappelle que l’intégration obligatoire de l’élève en difficulté ne doit pas constituer une contrainte excessive, qu’elle vise à faciliter son insertion sociale et ne porte pas atteinte de façon importante aux droits des autres élèves. Or, les enseignantes et enseignants témoignent que cet équilibre entre les droits des uns et des autres est souvent rompu et qu’il faut en prendre acte.

Globalement sur la question de la réforme de l’éducation, la FSE et la CSQ évaluent qu’un retour en arrière est utopique et non souhaitable. Elles ont développé depuis le début une attitude critique visant à sauvegarder ce qui se devait de l’être et à éliminer ce qui constitue des dérives. Elles ont formulé, le 6 décembre, sept propositions pour « réformer la réforme » qui ont reçu dans l’ensemble des réponses favorables du ministre de l’Éducation. On peut consulter le résumé de ces propositions et des réponses fournies sur le site de la FSE au http://www.fse.qc.net dans la section « La réforme dans tous ses états », et en particulier La Dépêche FSE du 23 février 2007.

À quelques heures du débat des chefs, la FSE sentait utile de faire le point sur la question de la réforme de l’éducation, de façon non partisane mais très intéressée. Pour la présidente Johanne Fortier, le débat doit se continuer « sur les principales et véritables questions qui restent en litige : l’évaluation des apprentissages, le bulletin comme outil clair de communication aux parents, la capacité de faire le point à chacune des années sur le cheminement des élèves, y compris le redoublement au besoin, les services aux élèves en difficulté avec les contraintes réelles que l’intégration sans service impose et la place des connaissances dans les apprentissages. Et les enseignantes et enseignants doivent pouvoir continuer à faire valoir leur point de vue qui devra être pris en compte.

 

Profil de la FSE 

La Fédération des syndicats de l’enseignement est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec. Elle est formée de la plupart des syndicats d’enseignantes et enseignants de commissions scolaires du Québec. Elle négocie en cartel avec l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec, son pendant vis-à-vis des commissions scolaires anglophones. Elle compte près de 70 000 membres.

 

Pour information :     Jean Laporte

                                 Attaché de presse de la FSE

                                 418 563-7193