Création d’un ordre professionnel pour les enseignantes et enseignants

20 novembre 2002

L’idée ne recueille l’adhésion que d’un enseignant sur cinq

Montréal, le 20 novembre 2002. — L’adhésion actuelle des enseignantes et enseignants à l’idée de la création d’un ordre professionnel destiné à les régenter n’est que de 20 %. C’est le principal constat d’un sondage commandé à la maison CROP par la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ). Le sondage a été tenu du 4 au 8 novembre, auprès d’un échantillon de 501 enseignantes et enseignants à l’emploi des commissions scolaires francophones du Québec, selon la méthodologie éprouvée de la maison de sondage.

Pour Johanne Fortier, présidente de la FSE, il devient absolument incontestable que les propagandistes de la création d’un tel ordre « ne peuvent plus désormais se réclamer de l’adhésion massive du personnel enseignant, comme ils le font depuis 1996, bien au contraire ». La question du récent sondage FSE-CROP était limpide : « Êtes vous pour ou contre la création d’un ordre professionnel pour les enseignantes et enseignants ? » Une majorité absolue (52 %) se dit contre, 25 % sont indécis et 3 % ont refusé de répondre.

Une autre question voulait apprécier la connaissance par le personnel enseignant de la démarche de l’Office des professions qui étudie présentement la pertinence de créer un ordre professionnel pour les enseignantes et enseignants des niveaux préscolaire, primaire et secondaire. À 86 % les répondantes et répondants s’en disent informés.

Le sondage voulait aussi savoir si le personnel enseignant se considérait très bien, assez, peu ou pas du tout informé des encadrements actuels de la profession enseignante. En regroupant les répondantes et répondants qui se disent très bien ou assez bien informés, on obtient 71 %.

Finalement la FSE a voulu savoir le motif principal invoqué par les répondantes et répondants pour justifier leur prise de position en faveur ou contre la création d’un ordre professionnel. Chez les 20 % d’enseignantes et d’enseignants qui se sont dits favorables à un ordre enseignant, 61 % ont invoqué l’amélioration du statut professionnel, 19 % l’amélioration des conditions d’exercice de la profession, 10 % la défense collective des intérêts des membres de la profession, et seulement 7 % la protection du public, qui est pourtant le mandat que la loi assigne à un ordre professionnel. Pour la présidente Johanne Fortier, ces chiffres démontrent la justesse de la position de la FSE qui dénonce l’ambiguïté des propos des promoteurs de l’ordre, qui prétendent à une meilleure reconnaissance professionnelle par le biais d’un ordre professionnel.

À l’inverse, pour les répondantes et répondants qui s’opposent à la création d’un ordre enseignant, les motifs principaux invoqués font référence à une profession qui est déjà suffisamment encadrée (35 %), que c’est une forme de contrôle qui risque de nuire à l’épanouissement de la profession (21 %), que c’est un déboursé inutile pour le personnel enseignant (16 %), que le public est actuellement bien protégé (12 %), au fait qu’un ordre professionnel ne permet pas de valoriser la profession (10 %).

Si on recoupe les réponses, en fonction des variables liées au niveau ou au statut d’emploi, ou selon les questions posées, on constate que l’opposition à un ordre enseignant est plus forte chez le personnel régulier (57 % contre), chez les répondantes et répondants plus informés de la démarche de l’Office des professions (59 %). De même chez les gens qui se disent informés de l’encadrement actuel de la Loi de l’instruction publique, l’opposition à la création d’un ordre enseignant atteint presque les deux tiers (65 %). La variable du sexe des répondantes et répondants ne semble pas jouer. Le personnel du primaire et du secondaire répond de la même façon (54 % contre l’ordre).

Pour la FSE il est primordial, au moment où l’Office des professions s’apprête à transmettre son avis au gouvernement, sur l’opportunité de la création d’un ordre, de faire savoir haut et fort que les premiers intéressés, les enseignantes et enseignants, n’adhèrent pas à la création d’un ordre enseignant. L’Office des professions a le devoir de démontrer que l’absence d’un tel ordre causerait un préjudice à la population. La FSE a démontré et continuera de faire savoir que la profession enseignante est déjà suffisamment encadrée et que le public n’aurait rien à gagner d’une nouvelle structure de contrôle lourde et bureaucratique. Par ailleurs le syndicalisme enseignant au Québec veut continuer à s’occuper des questions pédagogiques, autant que des questions de relations de travail. Nos nombreuses et souvent fructueuses interventions en marge de l’implantation de la réforme scolaire prouvent notre implication dans cette facette tout aussi importante de notre action syndicale.


L’enquête complète et les tableaux croisés qu’elle a générés sont disponibles en page d’accueil du nouveau site de la Fédération des syndicats de l’enseignement (http://www.fse.qc.net).


Pour information : Jean Laporte

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