Politique d’évaluation des apprentissages

28 octobre 2003

Une longue attente déçue

Montréal, le 28 octobre 2003. — Dans une première réaction consécutive au dévoilement ce matin par le ministre de l’Éducation de la Politique d’évaluation des apprentissages, la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, Johanne Fortier a manifesté son approbation de voir la politique enfin connue, mais signifié sa déception du fait qu’elle n’intègre pas les principales recommandations formulées il y a un an par les enseignantes et enseignants.

« En pratique au cours des prochains mois et même des prochaines années, la situation de l’évaluation des apprentissages ne sera pas clarifiée par les annonces de ce matin. Les parents, les enseignantes et enseignants et même les élèves ne sauront pas plus à quoi s’en tenir, par exemple au sujet des possibilités de redoublement ou des autres mesures susceptibles d’aider les élèves en difficulté à rejoindre le niveau requis » a commenté Johanne Fortier. La politique ne clarifie pas non plus la question des bulletins qui auraient pu relever des commissions scolaires plutôt que des établissements.

La Fédération des syndicats de l’enseignement appréhende toujours que la volonté « d’ajuster les méthodes d’évaluation » sur la base des différences entre les élèves ne se traduise par une pression à la baisse sur le niveau des exigences. Les enseignantes et enseignants avaient déjà du mal à croire que l’adaptation de l’enseignement pouvait constituer la clé unique pour régler les difficultés de certains élèves ; ils sont tout aussi sceptiques à l’idée que l’adaptation de l’évaluation puisse maintenant constituer une solution valable.

Si les valeurs de justice, d’égalité et d’équité font consensus dans le processus d’évaluation des apprentissages, traduites dans une démarche cohérente et rigoureuse, il n’en demeure pas moins que le rôle primordial des enseignantes et enseignants doit être reconnu et non dilué ou référé à des entités aux contours flous, comme la communauté scolaire, appelée par la politique ministérielle « à se donner des balises afin que les principaux intervenants en évaluation des apprentissages adoptent des comportements conformes à l’éthique ».
La FSE s’était aussi inquiétée, avec la plupart des intervenants en éducation, de l’introduction trop hâtive, et sans validation, d’un nouvel instrument, le « relevé des compétences » appelé à remplacer pour les élèves du deuxième cycle du secondaire le relevé de notes. Notre appel à la prudence est resté lettre morte. Nous redoutons aussi une diplomation à rabais, remplacée par des sortes de certificats de compétence susceptibles de favoriser l’employabilité et la mobilité des élèves, avant l’obtention d’un premier diplôme minimal en secondaire V.

Nous avons aussi le sentiment que dans le souci apparent d’uniformiser les principes qui doivent présider à l’évaluation des apprentissages, on a tenté d’exporter vers le secteur des jeunes, des approches qui pouvaient se justifier en formation professionnelle ou en éducation des adultes, mais qui ont peu d’écho dans le monde de la formation générale des jeunes, comme la reconnaissance des acquis extra-scolaires.

La FSE a néanmoins apprécié la présentation d’un guide de mise en œuvre de la politique, tout en regrettant sa discrétion sur son échéancier de réalisation.

Malgré la présentation de la politique d’évaluation des apprentissages, ce matin, la FSE demeure convaincue qu’il reste beaucoup de travail à abattre avant que la réforme des programmes, amorcée il y a plus de deux ans, ne soit assortie de pratiques appropriées, utiles et dynamiques en évaluation des apprentissages. Notre déception est d’autant plus vive que l’évaluation doit constituer une pierre d’assise de la consolidation de la réforme. Elle risque maintenant d’être plutôt perçue comme une pierre d’achoppement.


Pour information : Jean Laporte, attaché de presse de la FSE
(418) 563-7193 (cell.)