Perturbation des activités parascolaires

24 octobre 2005

L’Assemblée nationale doit rester au-dessus de la mêlée

Québec, le 24 octobre 2005. — La présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, Mme Johanne Fortier, invite instamment les membres de l’Assemblée nationale à résister à la tentation de donner leur appui à la motion qu’entend leur présenter demain la ministre de la Culture, Mme Line Beauchamp, un geste qui les amènerait à prendre partie dans un conflit de travail.

Pour la FSE, Mme Beauchamp ne doit pas profiter indûment de son statut de parlementaire pour s’immiscer dans un conflit que certains de ses collègues du Cabinet n’ont rien fait pour régler, au moment où ils le pouvaient. La présidente Mme Fortier s’insurge :  » Si j’avais la même possibilité que Mme Beauchamp, j’inviterais les parlementaires de l’Assemblée nationale à rappeler au gouvernement qu’il a la responsabilité de négocier de bonne foi avec les employés de l’État, y compris les enseignantes et enseignants. Jusqu’à maintenant, il n’a pas pu démontrer sa capacité à s’entendre avec un seul groupe de ses salariés  » a martelé Mme Fortier, rappelant du même coup que les conventions collectives sont échues depuis près de deux ans et demi, après une prolongation d’un an qui devait permettre, avant juin 2003, de finaliser le dossier de l’équité salariale.

C’est aussi le gouvernement de Mme Beauchamp, en l’occurrence la présidente du Conseil du trésor, qui fit donner instruction de cesser les discussions à la table sectorielle des enseignantes et enseignants, le 17 juin dernier, alors que des perspectives de règlement pouvaient encore être espérées au niveau sectoriel, ce qui aurait mis fin au boycott des activités étudiantes.

UNE SITUATION QUI POURRAIT ÊTRE RÉGLÉE

La ministre de la Culture apparaît aussi mal informée quand elle impute la rupture des négociations au refus syndical d’abandonner sa possibilité de déclencher de nouveaux boycotts. Dans la proposition de règlement que la FSE soumit au ministre Fournier le 5 octobre dernier, la Fédération proposait des solutions qui permettaient de régler la situation. Mme Beauchamp aurait aussi pu s’enquérir des faits auprès de nous, comme son prédécesseur Mme Agnès Maltais l’avait déjà fait.

Comme les artistes, nous disons que la place de la culture à l’école doit être mieux assurée et encadrée, après discussions entre les premiers intéressés. Par ailleurs, nous sommes convaincus que chaque enseignant doive rester responsable de ses choix pédagogiques. Il ne nous semble pas non plus qu’on puisse imposer à chacun l’organisation de ces activités. Nous avons accepté, une fois le conflit terminé, de nous asseoir avec les associations d’artistes (pas nécessairement de producteurs) pour tenter de régler la question, définitivement.

On peut aussi s’interroger sur la volonté politique du gouvernement de dégager réellement cette place à la culture quand il décide, en resserrant les programmes autour des matières de base, de privilégier l’enseignement de l’anglais dès la première année, une mesure pédagogiquement contestable, et sans vérifier qu’il aura les ressources qualifiées pour assurer son projet. On sait qu’il y a déjà pénurie de profs d’anglais dans certaines régions.

Que le sort des artistes inquiète la ministre de la Culture lui fait honneur, mais elle devrait aussi se préoccuper de celui des enfants en difficulté. La qualité et la quantité des services qui leur sont disponibles sont au cœur de la demande enseignante et ce n’est pas une belle motion de l’Assemblée nationale qui y changera quoi que ce soit.

Pour les enseignantes et enseignants, cette nouvelle action du gouvernement risque d’être perçue comme un autre affront, après les 300 000 $ de publicité dépensés en pure perte pour prétendument rappeler à la table les négociateurs syndicaux. Les responsables patronaux et le ministre de l’Éducation savent ou devraient savoir qu’une fois une consultation lancée, on doit attendre qu’elle se termine, et ils devaient aussi savoir que la dernière proposition syndicale, soumise le 5 octobre, constituait un point limite dans les avancées que la partie syndicale pouvait faire.

 

 

Pour information : Jean Laporte, attaché de presse FSE

418-563-7193