Enquête de la FSE sur les groupes à plus d’une année d’études
5 juin 2003
Étude quantitative
Rivière-du-Loup, le 5 juin 2003. — Si on pouvait croire que les classes qui regroupent plusieurs niveaux d’études sont l’apanage du passé, une étude récente prouve au contraire qu’Émilie Bordeleau a de plus en plus d’émules, de nos jours, et même en milieu urbain. Et les raisons qui motivent l’instauration de groupes à plus d’une année d’études au primaire (ou classes multiprogrammes) répondent plus à des objectifs financiers et budgétaires qu’à des considérations pédagogiques.
Ce sont les points saillants du premier volet d’une étude dont les membres du Conseil fédéral de la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ) ont pu prendre connaissance hier. Le Conseil fédéral siège à Rivière-du-Loup jusqu’à vendredi, pour sa dernière réunion de l’année scolaire.
Une situation préoccupante
Pour la présidente de la FSE, Johanne Fortier, « l’augmentation importante de ce type de regroupement d’élèves au cours des dernières années, est préoccupante. D’abord parce qu’elle occasionne inévitablement une charge accrue pour le personnel enseignant, ensuite parce qu’elle ne répond que dans 13 % des cas à des objectifs pédagogiques ». Dans 55 % des cas, les administrateurs scolaires ne visaient qu’à atteindre les maxima de formation des groupes, sans réelle préoccupation pédagogique.
Fréquence du phénomène
Au Québec, en 2002-2003, 46 % des écoles sont touchées par ce phénomène, une progression de douze points depuis 1998, année où seulement 34 % des écoles étaient visées. Une classe sur dix est constituée d’élèves de divers niveaux.
Les motifs de la formation de ces groupes
On peut comprendre qu’une école comptant moins de 100 enfants ne peut être maintenue ouverte sans le recours à des groupes à plus d’une année d’études. Mais ce n’est le cas que du tiers des écoles recensées dans l’enquête. Par ailleurs, le quart (26 %) des écoles visées compte plus de 300 élèves.
La raison prépondérante invoquée est essentiellement d’ordre administratif, soit, pour 55 % des cas, pour atteindre les maxima d’élèves dans les classes. « Pour garder l’école ouverte » est le motif qui vient au deuxième rang, avec 20 % des cas. La réforme des programmes, qui a notamment introduit les cycles de deux ans, au primaire, n’est invoquée que pour 10 % des cas et les projets particuliers ne justifieraient que 3 % des classes multiprogrammes.
À la ville, ou à la campagne ?
On aurait pu s’attendre à ce qu’une mesure promue pour notamment viser la sauvegarde de la dernière école de quartier ou de village soit observée essentiellement en milieu rural, mais près du tiers du phénomène est constaté en milieu urbain, selon la vision des répondantes et répondants.
Conditions de mise en place
Dans 40 % des cas, les enseignantes et enseignants visés ne reçoivent aucune mesure d’appui pour accomplir une tâche aussi lourde, pour 15 % des situations on ne connaît pas les conditions de mise en place. Dans un cas sur cinq (22 %), il y a soutien pédagogique en classe, il y a sélection d’élèves dans 13 % des groupes, le personnel est libéré au début ou en cours d’année dans 11 % des cas. Huit pour cent des groupes comptent moins d’élèves que la moyenne.
Enfin 47 % des classes multiprogrammes comptent des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage.
L’expérience du personnel enseignant visé
Plus de la moitié (57 %) du personnel enseignant appelé à enseigner à ces groupes a moins de dix années d’expérience en enseignement, plus que leur poids relatif de 29,8 % de tout le personnel enseignant. Quand des mesures de soutien sont présentes, prendre charge de ces groupes apparaît moins difficile.
Conclusion
La présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement dit s’inquiéter « pour les enseignantes et enseignants, mais aussi pour les élèves les moins autonomes, les plus jeunes, qui ont inévitablement un encadrement restreint, une attention moins soutenue de la part de leur professeur qui doit composer avec tous les éléments d’un groupe disparate, ce que la partie qualitative de notre enquête, que nous compléterons pour cet automne, devrait démontrer. Nous nous pencherons aussi sur les façons de mieux cerner et encadrer ce phénomène pour que les conditions d’apprentissage ne soient pas compromises, ni la santé des enseignantes et enseignants », a-t-elle conclu.
Le second volet de l’enquête, qui viendra qualifier le phénomène, sera rendu public l’automne prochain, au moment où les représentantes et représentants des enseignantes et enseignants seront appelés à réclamer les mesures d’encadrement qu’ils jugeront utiles.
Méthodologie
En juin 2002, le Conseil fédéral avait adopté de constituer un comité ad hoc pour actualiser la recherche quantitative de 1998 sur l’évolution des groupes à plus d’une année d’études et analyser le vécu des enseignantes et enseignants qui oeuvrent auprès de ces groupes, sous l’aspect qualitatif. Pour la partie quantitative, dévoilée aujourd’hui, deux questionnaires ont été envoyés dans les milieux à l’automne 2002, le premier pour vérifier la situation dans chacun des syndicats. Les 41 syndicats visés ont répondu, bien que pour certains les données ne sont pas complètes. L’autre questionnaire était envoyé dans chacune des écoles et permettait de recueillir des informations, avec l’aide de la déléguée ou du délégué. Le comité ad hoc était composé de deux conseillères de la FSE, Sylvie Blanchette et Marie Rancourt, et de représentantes et représentants des syndicats de la FSE. L’étude est disponible sur le site de la FSE http://www.fse.qc.net
La Fédération des syndicats de l’enseignement, affiliée à la Centrale des syndicats du Québec, regroupe 45 syndicats et représente 80 000 membres à l’emploi des commissions scolaires québécoises. Ses membres oeuvrent à l’éducation préscolaire, au primaire, au secondaire, en formation professionnelle et à l’éducation des adultes.
Pour information : Jean Laporte, attaché de presse de la FSE
(418) 563-7193 (cellulaire)
(418) 649-8888, poste 3107 (bureau)
Note pour la presse. Compte tenu que la FSE est en réunion jusqu’à vendredi à Rivière-du-Loup, il sera sans doute plus facile pour la presse nationale d’assurer le suivi souhaité à compter du début de la semaine prochaine.