valuation de la réforme de l’éducation

24 août 2006

Un large consensus… mais sans les enseignants !

Québec, le 24 août 2006 – La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ) tiennent à se dissocier complètement des conclusions du rapport d’évaluation de la réforme intitulé Évaluation de l’application du Programme de formation de l’école québécoise – enseignement primaire, produit par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et soumis à la Table de pilotage de la réforme, puisque ce document offre une analyse biaisée par la vision complaisante du MELS sur la réforme et minimise les effets de la réforme sur les apprentissages.

 » Ce rapport, quoique préliminaire, dénote un manque flagrant de rigueur et d’objectivité quant à l’analyse et au traitement des données qui s’y retrouvent. Nous ne pouvons y souscrire, pas plus que nous pouvons souscrire aux conclusions du rapport qui ne sont pas à la hauteur des données pourtant disponibles. Notre lecture objective diffère profondément de celle contenue dans la conclusion « , a déclaré la présidente de la FSE, Mme Johanne Fortier.

Le rapport d’évaluation ou les lunettes roses du MELS

La FSE et l’APEQ formulent des critiques fondamentales en lien avec l’ensemble du rapport d’évaluation :

  • Le MELS omet ou occulte systématiquement des résultats pertinents parce que ceux-ci ne vont pas dans le sens souhaité. Par exemple, le MELS ne retient pas une donnée fondamentale, soit le fait que 90 % des enseignants ne voient aucune ou pas d’amélioration de la performance des élèves en difficulté, alors que c’est là la mission première de la réforme (voir p. 46 et 48).

  • Le MELS tente par un ensemble de procédés de gommer et d’atténuer les impacts négatifs de la réforme sur la réussite des élèves, notamment en minimisant le plus possible l’importante baisse de résultat des élèves québécois aux différentes épreuves ministérielles ou internationales (p. 34 à 40).

  • Le MELS a parsemé le rapport de tentatives de diversion à l’aide de données non pertinentes. Par exemple, le constat que le redoublement semble diminuer plus rapidement depuis la mise en œuvre de la réforme (p. 50) relève de la caricature, car à peu de chose près, le redoublement n’était plus permis au plan des directives administratives dans les commissions scolaires.

  • Le MELS offre une synthèse finale complètement déconnectée des résultats contenus dans le rapport, puisque les conclusions à tirer ne sont pas à la hauteur de l’information qu’on peut retrouver dans le rapport.

 » Les données contenues au rapport d’évaluation témoignent du fait que le MELS ne prend pas la pleine mesure des données dont il dispose. Cela laisse même une fausse impression de succès « , de déclarer Mme Maureen Morris, présidente de l’APEQ.

 » Il est aberrant de constater l’ampleur de l’écart entre les données et l’analyse qui en est faite ! Sous quelle barre de résultats doit-on descendre pour que le MELS se remette profondément en question au sujet de la réforme ? « , s’est inquiétée Mme Johanne Fortier, présidente de la FSE.

Les 12 recommandations de la Table de pilotage 

La FSE et l’APEQ se dissocient des recommandations de la Table de pilotage, notamment parce qu’il y manque 4 recommandations jugées incontournables et fondamentales à la lumière des résultats connus.

Les recommandations de la FSE et de l’APEQ, que la Table de pilotage n’a pas retenues, sont les suivantes :

  • demander au CSE un avis portant sur la pertinence et l’applicabilité de certains fondements de la réforme en contexte réel, notamment en lien avec les élèves en difficulté, à la lumière des résultats de l’enquête et des connaissances actuelles de la recherche ;

  • en attendant l’avis du Conseil supérieur de l’éducation, surseoir à l’évaluation des compétences transversales tout en maintenant l’objectif d’informer adéquatement les parents sur le développement global de l’enfant ;

  • surseoir au développement de la réforme à partir de la 2e secondaire. En 2e secondaire, limiter l’implantation à l’enseignement des contenus disciplinaires ;

  • mettre en opération le plus tôt possible un mécanisme indépendant de suivi et d’évaluation des effets sur les apprentissages de la réforme au secondaire.

Par contre, la FSE et l’APEQ prennent acte de certaines avancées contenues dans les recommandations de la Table de pilotage. Ainsi, elles accueillent positivement le fait de confier un mandat au Conseil supérieur de l’éducation pour étudier les compétences transversales et disciplinaires. De plus, la FSE et l’APEQ exerceront une grande vigilance pour que les mesures promises pour les élèves en difficulté soient au rendez-vous, et ce, au-delà des 90 M$ déjà annoncés.

 

Source :

Sylvie Lemieux                                                                               Alan Lombard

Attachée de presse de la FSE-CSQ                                              Directeur général

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