Les enseignants n’appliqueraient pas les programmes de la réforme ?

3 novembre 2006

Faux, réplique la FSE !

Québec, le 3 novembre 2006. — À la suite d’articles dans les quotidiens du matin qui prétendaient que 80 % des enseignantes et enseignants n’appliquaient pas les programmes de la réforme de l’éducation, la Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ) tient à se dissocier de ces affirmations. Pour Johanne Fortier, présidente de la FSE, les enseignantes et enseignants appliquent les programmes, malgré les difficultés rencontrées et les ratés constatés.

Ces difficultés et ces ratés ne sont pas liés au manque de qualification ou d’engagement des enseignantes et enseignants, comme aurait voulu récemment nous le faire croire un de ses penseurs, M. Perrenoud. Ils tiennent plutôt à un manque d’autocritique de ses concepteurs et des responsables de sa mise en œuvre.

Par ailleurs, la Fédération des syndicats de l’enseignement sait que, depuis les dernières années, devant les difficultés évidentes d’application, les enseignantes et enseignants ont recentré leur enseignement sur des approches plus systématiques.  » Dès le début, nous avons tenu à ce que la pédagogie par projet ne devienne pas la seule approche pédagogique valable au regard de la réforme, mais qu’elle soit une approche parmi d’autres, que les professeurs, en vertu de leur autonomie professionnelle, pourraient retenir ou écarter « , a rappelé Mme Fortier. La pédagogie par projet n’est pas une panacée. Elle n’est pas la mieux indiquée dans tous les cas, ni pour tous les élèves, ni pour tous les contenus.

La FSE regrette aussi que, sur la foi d’une seule information anonyme, on laisse entendre que les enseignantes et enseignants attribueraient des notes bidon. Nous ne voyons pas quel intérêt il y a à alarmer les parents à partir d’informations aussi douteuses et contraires à la réalité.

Ces précisions apportées, la FSE tient toutefois à réitérer que la réforme de l’éducation est affectée de ratés importants qui suscitent des critiques acerbes et fondées des enseignantes et enseignants. L’intégration massive des élèves en difficulté dans des classes par ailleurs écrémées de leurs meilleurs éléments compromet la qualité de l’enseignement, rend les apprentissages plus ardus pour les élèves, même sans la réforme. La taille des groupes, conjuguée à leur composition, reste donc un irritant majeur, comme les enseignantes et enseignants viennent de nous le dire à l’occasion d’une consultation dont les résultats ont été révélés hier.

Nous en avons aussi contre le processus d’évaluation des apprentissages qui refuse d’apprécier les connaissances, avant le développement des compétences, et nous en avons contre les échelles d’appréciation des résultats des élèves qui éliminent la possibilité d’échec. L’obligation de reconnaître la réussite a son pendant, celui, le cas échéant, de constater l’échec.

La Fédération des syndicats de l’enseignement participe à la Table de pilotage de la réforme, où elle a l’occasion de faire valoir ses recommandations et ses critiques. Elle s’est dissociée au mois d’août des résultats d’une évaluation provisoire des résultats de la réforme au primaire, jugeant que les recommandations étaient trop timides, et l’appréciation des résultats trop complaisante.

La FSE est en démarche de consultation auprès de ses membres, démarche qui pourra notamment recommander qu’on revienne à une promotion annuelle plutôt que par cycle, pour que les services nécessaires puissent être plus rapidement rendus disponibles aux élèves dans le besoin.

 

Pour information : Jean Laporte, attaché de presse de la FSE

418 563-7193 (cellulaire)