Implantation du cours Culture et citoyenneté québécoise - À quoi bon écouter l’expertise terrain?

Mot de la présidente
C’est avec stupéfaction que j’ai pris connaissance, ce matin, des informations obtenues par Radio-Canada selon lesquelles le ministère de l’Éducation persisterait à implanter le cours Culture et citoyenneté québécoise (CCQ) dans la précipitation. En allant à l’encontre de l’avis que nous lui avons transmis le 8 décembre dernier, le Ministère manque une belle occasion de valoriser l’expertise professionnelle et pédagogique des enseignantes et enseignants sur le terrain.
Afin de pouvoir porter la voix des enseignantes et enseignants participant au projet pilote, la FSE-CSQ les a consultés dans les derniers mois. Il émane des résultats de la consultation qu’ils y déploraient le manque flagrant de préparation du Ministère dans l’implantation. En effet, ils ne pouvaient que constater le manque criant de matériel pédagogique préparé par le Ministère pour les appuyer dans la préparation de leurs activités d’apprentissage. De plus, les formations qui devaient les aider à enseigner le programme se sont révélées davantage des séances d’information.
Forte des réponses des enseignantes et enseignants, la FSE-CSQ a demandé, par l’entremise de son avis, de reporter d’au moins un an l’implantation du nouveau cours Culture et citoyenneté québécoise et d’envisager de la faire progressivement. Elle a également demandé au Ministère qu’en plus d’avoir du temps prescrit dans la grille-matières, ce programme devrait être confié à une enseignante ou un enseignant spécialiste au primaire.
Alors que la Semaine des enseignantes et des enseignants approche, le gouvernement aurait pu démontrer que la valorisation dépasse les simples remerciements et poser un geste concret en les écoutant.
Vous vous souvenez tout comme moi qu’il n’y a pas si longtemps, on nous parlait de l’importance de celles et ceux qui connaissent les élèves par leur prénom. Et lorsqu’est venu le temps de faire l’évaluation de l’implantation du tout nouveau programme CCQ, nous avions espoir d’avoir une oreille attentive du Ministère. Nous avons d’ailleurs amorcé une réflexion avec lui dans les derniers mois. Alors apprendre dans les médias ce matin que le gouvernement préfère cocher en vitesse une promesse électorale plutôt que de mettre en place les conditions de réussite de l’implantation du cours, croyez-moi, j’en ai avalé mon café de travers!
À quelqu’un qui me demandait si l’expression que j’utilise souvent Jamais surprise, toujours déçue s’appliquait dans ce cas-ci, j’ai répondu : « Je garde espoir ».
Je garde espoir que la main tendue du ministre Drainville à la suite de sa nomination comme ministre de l’Éducation le soit toujours. Et par conséquent, au plus grand bénéfice des élèves et du personnel enseignant, je garde espoir que cette décision ne soit pas un mauvais présage pour nos collaborations futures dans ce dossier et bien d’autres.
Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ