Parce que le fossé est trop large et qu'aucun moyen de pression ne doit être écarté... »

Communiqué de presse
Les enseignantes et enseignants de commissions scolaires demandent la médiation
Québec, le 15 avril 1999 — Les négociateurs de la Fédération des syndicats de l'enseignement et de l'Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec demandent formellement l'intervention d'un médiateur dans le dossier de la négociation pour le renouvellement des ententes nationales qui régissent les conditions de travail des enseignantes et enseignants des commissions scolaires francophones et anglophones du Québec.
Pour Luc Savard, le président de la Fédération qui regroupe 80 000 membres à l'intérieur de la Centrale de l'enseignement du Québec, « il serait irresponsable, compte tenu des délais que nous impose la loi 37, de nous placer dans une situation où nous ne pourrions pas considérer le recours légal à la grève dès l'automne prochain. La partie patronale est en récupération sur trop d'éléments, le rythme des discussions est si lent que nous ne pouvons espérer un règlement satisfaisant, dans un délai raisonnable, si nous écartons la possibilité d'établir un rapport de force qui nous soit propice ».
Les demandes syndicales ont été déposées, il y a plus d'un an, et la partie patronale n'a pas encore complété son dépôt notamment sur la question cruciale des ressources à consentir pour les élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA). Si certains points ne posent pas problème et ont même pu être paraphés, la partie patronale tarde à donner suite aux demandes plus significatives, qui touchent notamment l'ajout de personnel enseignant ou autre pour améliorer les services directs aux élèves.
La partie syndicale a aussi à coeur de diminuer la précarité qui est le lot habituel du personnel enseignant en éducation aux adultes et en formation professionnelle, pour assurer une meilleure sécurité d'emploi au personnel, mais aussi pour consolider ces secteurs névralgiques de la formation qui gagneront de pouvoir compter sur une meilleure stabilité des ressources humaines.
Le dépôt patronal comporte aussi des irritants majeurs en termes de récupérations monétaires. Contrairement aux ententes très explicites et très circonscrites signées en 1997, la partie patronale prétend devoir récupérer de façon récurrente des montants importants, pour satisfaire à ses obligations budgétaires, une prétention en contradiction flagrante avec le discours politique qui salue la fin des coupures en éducation, l'atteinte du déficit zéro et la nécessité de commencer à réinvestir dans la formation.
La volonté du gouvernement de décentraliser tous azimuts, avec pour finalité un accroissement des droits de gérance au niveau local, pose aussi le problème de la cohérence et de l'équité du réseau scolaire. La Fédération est disposée à aborder la délicate question de la décentralisation mais sur la base d'une approche civilisée qui exige l'accord des parties négociantes tant sur les matières à décentraliser que sur le processus lui-même, et son rythme de mise en oeuvre.
De façon délibérée, la partie syndicale a voulu pour cette négociation limiter les demandes à des sujets qui posent des problèmes pratiques dans les écoles et les établissements. La plupart sont en lien direct avec la qualité des services rendus aux élèves. C'est le cas pour le secteur des élèves handicapés ou en difficulté (EHDAA) où les coupures des dernières années ont hypothéqué la capacité du système à assurer une formation adéquate pour cette population étudiante particulière. Ce sont les services à tous les élèves qui sont affectés quand on intègre les élèves handicapés ou en difficulté dans les classes ordinaires, sans se soucier que les ressources spécialisées et essentielles ne soient disponibles.
Les anglophones font le même constat et posent le même geste
De son côté, le président Pierre Weber, de l'Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ), qui représente le personnel enseignant des commissions scolaires anglophones, trace le même bilan des négociations, et demande lui aussi l'intervention d'un médiateur. L'APEQ est associée en cartel de négociation à la Fédération des syndicats de l'enseignement.
« Il nous semble que cette négociation-ci pourrait se conclure rapidement par une entente satisfaisante pour les parties, pour les élèves et pour toute la population. L'attitude patronale, qui cherche à faire des récupérations injustifiées et qui refuse d'envisager les solutions concrètes que préconise la partie syndicale à des problèmes réels, risque de nous enliser dans une négociation traditionnelle où seul le rapport de force, plutôt que la raison, pourra favoriser la résolution du différend » ont finalement conclu Luc Savard et Pierre Weber.
Pour information :
Jean Laporte
Attaché de presse FSE (CEQ)
(418) 649-8888, poste 3107
(418) 563-7193 (cell.)
Pierre Weber
président de l'APEQ
(514) 694-9777