Les services éducatifs aux élèves handicapés ou en difficulté

Communiqué de presse

Communiqué de presse

Un système lui-même en grande difficulté

Montréal, le 26 avril 1999 — Pour les fédérations syndicales qui regroupent tout le personnel enseignant des commissions scolaires québécoises, aussi bien francophones qu'anglophones, les services éducatifs offerts aux élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA) sont dans un état si déplorable que seul un plan d'action vigoureux, assorti de ressources financières importantes, serait susceptible de remettre le système sur ses rails.

Luc Savard, de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CEQ) et Pierre Weber, de l'Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ), pour les commissions scolaires anglophones, au nom des 85 000 membres qu'ils représentent, refusent donc de s'inscrire dans le processus de la consultation que mène actuellement le ministre de l'Éducation sur la révision de la politique de l'adaptation scolaire. « Tant qu'elle ne sera pas accompagnée d'un plan d'action et de la garantie de ressources financières additionnelles et suffisantes, cette politique restera une vue de l'esprit ». Le ministre doit « identifier clairement les moyens concrets, les ressources humaines et financières qui seront disponibles pour réellement venir en aide aux élèves handicapés ou en difficulté dans nos écoles ».

Dans tous les coins du Québec, et dans les grands centres, la situation décriée par le personnel enseignant est la même : depuis des années le nombre d'élèves handicapés ou en difficulté intégrés dans les classes ordinaires augmente, mais le personnel spécialisé (enseignant ou autre) diminue. Les élèves handicapés ou en difficulté ne sont pas tous identifiés, la procédure d'évaluation est longue et complexe, et souvent les mesures de soutien ne suivent pas. Plusieurs commissions scolaires et établissements tentent, en imposant des limites arbitraires, de ne pas identifier tous les élèves en difficulté, au mépris des besoins concrets des populations qu'elles desservent. Les coupes budgétaires des dernières années ont eu un impact plus grand pour les élèves handicapés ou en difficulté, quand on a réduit les effectifs du personnel qui oeuvre auprès d'eux. Nous dressons dans un document joint quelques exemples typiques qui illustrent cette situation.

Toute la pression de faire fonctionner ce système repose sur le dos du personnel enseignant, alors que l'intégration des élèves handicapés ou en difficulté dans les classes ordinaires doit se traduire par l'ajout de ressources humaines et financières. Et ce ne sont pas ces seuls élèves qui en pâtissent : tous les élèves des classes ordinaires connaissent des conditions d'apprentissage plus difficiles quand on y intègre de plus en plus d'élèves en difficulté sans le soutien nécessaire.

L'intégration plus importante en classe ordinaire entraîne un alourdissement des classes spécialisées. Cette réalité exige également l'ajout de ressources appropriées.

Les deux fédérations, qui mènent leur négociation sectorielle en cartel sur la base de demandes analogues, estiment que l'attitude patronale à la table de négociation est plus révélatrice des intentions concrètes du gouvernement que les énoncés ministériels officiels. Malgré des demandes syndicales connues depuis plus d'un an qui visent à corriger la situation critique des services aux élèves handicapés ou en difficulté, aucune proposition patronale n'a encore été déposée sur cette question. De plus, les négociateurs ont été clairs dans leur propos : l'ensemble des services offerts ne doit pas générer de coûts additionnels. Les fédérations syndicales réclament plutôt un réinvestissement massif en éducation, et en particulier pour les élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. « C'est le coeur de notre demande pour cette négociation. Les enseignantes et enseignants du Québec témoignent ainsi de façon éloquente de leur volonté de voir la situation se rétablir et de fournir les services adéquats à ces élèves », ont exprimé les deux présidents.

Finalement l'orientation gouvernementale de décentraliser de plus en plus de responsabilités, jusque vers les établissements, inquiète, dans le dossier des élèves en difficulté. Déjà les commissions scolaires sont souvent tentées d'identifier le moins d'élèves possible et n'affectent pas tous les budgets disponibles. Nous croyons que cette pratique se généralisera dans les établissements. Pour Luc Savard, le président de la FSE, « les jeunes ont droit à une formation commune de qualité et des services équivalents partout au Québec sans nier la pertinence d'une certaine marge de manoeuvre laissée à l'école pour s'adapter aux besoins de ses élèves et de son milieu ». Si le rôle du ministère de l'Éducation est de réduire les obstacles qui pourraient nuire au cheminement scolaire de l'élève handicapé ou en difficulté, Pierre Weber a constaté : « qu'actuellement le manque de ressources financières et humaines, le manque de temps, le manque de transparence, le manque de vision pédagogique sont des obstacles qui nuisent à ce cheminement scolaire ».

Messieurs Weber et Savard se disent disposés à rencontrer le ministre de l'Éducation et à travailler à l'identification de moyens concrets à assurer aux élèves handicapés et en difficulté.

Pour information :

Jean Laporte
Attaché de presse FSE (CEQ)
Tél.: (418) 649-8888, poste 3107

Ronald Hughes
Attaché de presse APEQ
Tél.: (514) 694-9777

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