La tâche enseignante

Communiqué de presse
Des excuses exigées du ministre de l'Éducation — Manifestation devant les locaux du Conseil du trésor — La participation à la réforme remise en cause
Montréal, le 1er octobre 1999 — Déjà accusé de pratiquer de la désinformation, le ministre de l'Éducation, François Legault, est aussi sommé de se rétracter et de présenter ses excuses publiques aux enseignantes et enseignants québécois.
Le ministre a tenu une conférence de presse jeudi, où il a tenté de minimiser la tâche enseignante, sur la base d'une analyse partiale d'une étude conjointe réalisée en 1996 (par la CEQ et le Conseil du trésor) à partir d'un échantillon très large, et selon une méthodologie éprouvée. La présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement, Johanne Fortier, avait la journée même dénoncé les propos du ministre qui invoquait qu'il y aurait « entente » sur de nombreux éléments de la tâche, dont les activités parascolaires.
Les délégués des 44 syndicats de la FSE et ceux de l'Association provinciale des enseignantes et enseignants québécois, en réunion spéciale hier soir à Dorval, pour faire le point sur le déroulement de la négociation, ont voulu unanimement signifier au ministre à quel point leurs membres s'étaient sentis méprisés par ses propos. Ils manifesteront d'ailleurs à 13 h 30 devant les locaux montréalais du Conseil du trésor (angle Stanley et Sainte-Catherine), juste avant une rencontre sur l'équité salariale.
Les déclarations associant les mises à jour et le perfectionnement d'été, à la simple lecture de revues, ont été très mal reçues, entre autres. Mme Fortier a précisé qu'il s'agissait plutôt de formation additionnelle rendue nécessaire par le changement de niveau d'enseignement, de matière, de programme.
Les membres de la FSE et de l'APEQ sont invités au cours des prochains jours à signer une pétition en appui à cette demande de rétractation et d'excuses.
La participation du personnel enseignant à la mise en place de la réforme est remise en cause
Jeudi soir, le Conseil fédéral de la FSE et les représentants de l'APEQ ont aussi convenu d'inviter leurs 82 000 membres à s'inscrire dans un mouvement de boycottage de la mise en place de la réforme de l'éducation, dans toutes ses modalités. Déjà cette année, des écoles ciblées expérimentent les nouveaux programmes, pour leur implantation à compter de l'an prochain. La Fédération annonce aussi, à compter d'aujourd'hui, la suspension de la participation enseignante aux conseils d'établissement. Il va sans dire que ce nouveau boycott est une mesure radicale qui compromet le calendrier d'implantation d'une réforme qui ne pourra se faire sans la participation du personnel enseignant, qui se sent aujourd'hui dévalorisé, méprisé.
L'enjeu
La sortie planifiée du ministre de l'Éducation, à la veille de la première rencontre de discussion sur l'équité salariale depuis juin, n'est pas anodine. Elle visait à dénigrer les moyens de pression légaux des membres de la FSE et de l'APEQ, dont le boycottage des activités parascolaires, et à tenter de discréditer leurs représentantes et représentants.
Le gouvernement a été obligé de reconnaître que le métier d'enseignement, largement pratiqué par des femmes, est depuis toujours sous évalué, en termes de rémunération, par rapport à d'autres classes d'emploi équivalentes dans la fonction publique. Le gouvernement tente maintenant de réduire l'ampleur des correctifs salariaux nécessaires pour assurer l'équité salariale parmi son personnel en invoquant que le personnel enseignant travaillerait moins que ses collègues qui exercent des emplois comparables.
L'étude conjointe de 1996, qui ne visait qu'à vérifier s'il y avait ou non parité des heures travaillées, a conclu par l'affirmative. D'où l'intérêt actuel du gouvernement à vouloir faire dire autre chose aux chiffres que ce qu'ils disent.
Le boycottage continue
L'intervention du ministre a été perçue comme une provocation, et il est hors de question que les moyens de pression mis en oeuvre jusqu'ici soient suspendus. Ils iront plutôt en s'intensifiant.
La présidente de la FSE a nié avec véhémence qu'il y avait reconnaissance par le gouvernement de toutes les activités parascolaires, et répété que le boycott ne vise pas à faire rémunérer toutes et chacune des minutes qui sont consacrées au parascolaire, mais à forcer le gouvernement à reconnaître l'ampleur réelle de tous les éléments de la tâche enseignante, sans en rien retirer.
Pour information :
Jean Laporte
Attaché de presse FSE (CEQ)