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Communiqué de presse

Communiqué de presse

Le personnel enseignant des commissions scolaires en action

Québec, le 31 août 1999. — En appui à ses revendications pour le renouvellement des conventions collectives, mais aussi du dossier d'équité salariale, le personnel enseignant des commissions scolaires de tout le Québec entreprend dès la rentrée une série de moyens de pression qui iront en s'accentuant.

La grève n'en fait pas partie pour l'instant, mais si la situation le justifie, les quelque 85 000 enseignantes et enseignants pourraient rapidement être associés à une réflexion sur son opportunité. Ils oeuvrent à l'éducation préscolaire, au primaire, au secondaire, à l'éducation des adultes et en formation professionnelle.

Il se fait tard

« Près d'un an et demi après le dépôt des demandes syndicales, il est grand temps que le gouvernement fournisse une réponse complète et donne mandat à ses négociateurs d'activer le dossier, si on veut envisager un règlement dans une perspective raisonnable » ont déclaré Mme Johanne Fortier, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement (CEQ) et M. Pierre Weber, président de l'Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec. Les rapports de médiation déposés au début de juillet constatent que les négociations n'en sont encore qu'aux préliminaires, plus d'un an après l'échéance des conventions collectives.

Les deux porte-parole ont déclaré d'une même voix qu'un règlement acceptable pour les enseignantes et enseignants de commissions scolaires devra comprendre la reconnaissance de toute l'ampleur et de toute la durée de la tâche enseignante, en conséquence de la démarche d'équité salariale entreprise depuis sept ans. « Ce qui a été bon pour l'ensemble des syndiqués du secteur public, depuis 1990, doit aussi s'appliquer au personnel enseignant » ont ajouté Mme Fortier et M. Weber.

Mme Fortier avait déclaré en juin qu'une hypothèse qui réglerait dans un premier temps la question des relativités salariales pouvait être envisagée. Le personnel enseignant pourrait rapidement, par la suite, se retrouver sur le même pied que l'ensemble du personnel du secteur public, pour peaufiner cette démarche et tendre vers une réelle équité salariale. Signalons que la FSE est pour la première fois présidée par une femme, Mme Fortier ayant succédé à Luc Savard à la fin de juin.

Une revendication ciblée...

Dans la négociation en cours, les enseignantes et enseignants ont voulu limiter leurs demandes aux problèmes les plus criants, à dix cibles dont sept sont directement liées aux services aux élèves.

La FSE et l'APEQ veulent améliorer le régime d'embauche en formation professionnelle et en éducation aux adultes, où les taux de précarité sont spécialement élevés à 50 % et 90 %. On veut aussi s'assurer que toutes les sommes allouées par le gouvernement aux commissions scolaires pour l'engagement de personnel enseignant soient effectivement utilisées à cette fin. La demande syndicale comporte de réduire à 20 le nombre d'élèves par classe au préscolaire, pour revenir aux chiffres plus adéquats de 1996.

Au coeur de la revendication sectorielle, il y a l'ajout de ressources spécialisées pour les élèves en difficulté, pour en faciliter l'intégration dans les classes ordinaires. Chaque commission scolaire devra avoir l'obligation d'embaucher du personnel enseignant spécialisé pour assurer les services d'orthopédagogie aux élèves en difficulté d'apprentissage, du personnel professionnel (orthophonistes, psychologues, psychoéducatrices ou psychoéducateurs, travailleuses ou travailleurs sociaux), et du personnel de soutien (techniciennes ou techniciens en éducation spécialisée et en travail social, préposés auprès des élèves handicapés).

... mais une réponse qui alourdit la tâche

En mettant en parallèle les textes des dépôts patronaux, on constate que l'offre patronale permettrait, au primaire, une augmentation de la tâche de 17 %, et au secondaire de 28,5 %. À l'inverse, par suite de modifications à la base de calcul, la rémunération du personnel à taux horaire, le plus précaire donc, serait diminuée de 16,6 % .

Malgré un discours officiel qui clame que les coupures dans l'éducation, c'est chose du passé, les négociateurs patronaux continuent de vouloir miner un système déjà mis à mal par les coupes des dernières années. Les enseignantes et enseignants, qui ont contribué à hauteur de 300 millions $ depuis 1996 à la réduction du déficit gouvernemental, en acceptant de limiter divers avantages conventionnels, ne veulent plus entendre parler de nouvelles récupérations alors que l'heure est au réinvestissement en éducation, à tous les ordres d'enseignement, une préoccupation partagée par les commissions scolaires.

Un plan d'action gradué

Pour permettre au gouvernement de bien saisir toute la détermination du personnel enseignant à voir satisfaites ses demandes réalistes et nécessaires, le plan d'action préconisé par la Fédération des syndicats de l'enseignement et l'Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec sera graduel. Les actions, enclenchées en salve, seront cumulatives. Elles voudront illustrer les conséquences pratiques de l'attitude gouvernementale qui ne veut pas reconnaître toute l'ampleur de la tâche enseignante.

Les périodes de repas et de pause seront strictement observées, les sorties éducatives et les activités parascolaires suspendues. Les enseignantes et enseignants seront aussi absents de la plupart des comités. Les stagiaires seront sensibilisés à la revendication enseignante. Les fédérations syndicales vont de plus évaluer la suspension de la participation de leurs membres aux conseils d'établissement, plus tard dans l'échéancier. Il y aura retenue de notes, piquetage notamment à l'occasion de la Journée nationale des enseignantes et enseignants le 5 octobre, et boycottage d'une première communication écrite.

Nous réclamerons finalement l'application rigoureuse des dispositions sur les élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA). Une vaste opération a été mise sur pied pour que tous les signalements nécessaires soient effectués et que les services de soutien appropriés soient réellement rendus disponibles, sans hypothéquer d'autres services, comme les commissions scolaires doivent régulièrement le faire. Nous rendrons public, vers la fin d'octobre, le résultat de cette cueillette d'informations.

Ces premiers moyens d'action ne devraient pas perturber les activités éducatives, mais souligner vers quelle sorte de système d'éducation nous évoluerions si nous laissions les représentants patronaux imposer leur vision de la « souplesse » requise pour gérer les divers établissements et commissions scolaires. Mme Fortier et M. Weber ont conclu en disant souhaiter que le gouvernement comprenne rapidement ce premier message, pour éviter une dégradation plus accentuée du climat de relations de travail et le recours à des moyens de pression plus lourds.

Pour information :

Jean Laporte, attaché de presse FSE (CEQ)
(418) 649-8888, poste 3107

Ronald Hughes, APEQ
(514) 694-9777

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